Condamnation par la Cour de justice de la Seine – Exposé des faits

PARQUET

DE LA

COUR DE JUSTICE

DU DEPARTEMENT DE LA SEINE

 

AFFAIRE : DAUDET Georges Adrien Valentin

44 ans, journaliste

 

-EN FUITE-

(M.A. du 27-1-1945

 

Inculpé d’intelligences avec l’ennemi.

 

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Après l’armistice de juin 1940 Georges DAUDET devint l’administrateur-gérant de la « France au Travail ». Journal qui bientôt périclita faute de lecteurs.

Le 31-10-1941 avec l’équipe de journalistes qui avaient apporté une collaboration à la « France au Travail » feuille, qui dès l’origine, aurait été très largement subventionnée par Pierre LAVAL et par l’Ambassade d’Allemagne.

Or le nouvel organe avait Georges DAUDET comme Directeur Général et pour Directeur Politique le nommé René CHATEAU.

Le but poursuivi par les dirigeants du Journal qui fut toujours violemment anti sémite et anti maçonnique était de recréer une large clientèle parmi les militants des anciens partis de Gauche et d’extrême gauche.

L’argent ne manquant pas, la direction de la « France socialiste » n’hésita pas à fournir précisément pour atteindre ce but plus facilement un très grand effort de propagande, elle organisa notamment des compétitions sportives et des manifestations artistiques « les tréteaux chantants » et elle fit distribuer chaque jour aux lecteurs du journal des primes importantes.

 

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Il est ici à peine besoin de rappeler que la « France socialiste » fut l’un des journaux de la France occupée ayant le plus efficacement épaulé la propagande de l’ennemi.

Il est donc certain que par le seul fait d’avoir occupé jusqu’à la libération le poste de Directeur général de la « France socialiste » Georges DAUDET a été l’un des personnages des plus en vue dans le monde des collaborateurs de l’ennemi.

Et si Georges DAUDET n’a écrit pour ainsi dire aucun article durant l’occupation (un seul article a en effet paru sous sa signature dans la « France socialiste » article présentant au journal un nouveau collaborateur du journal l’ex-ministre Lagardelle).

Il n’en reste pas moins évident que cet inculpé ne pouvait pas ne pas être imprégné de l’esprit de la maison qu’il désignait, esprit qui par la force des choses, n’était à la vérité qu’un reflet du sien.

 

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Dans le compte rendu de la séance d’une « ligue socialiste » ou prétendu telle – qu’il avait présidé le nommé René CHATEAU a d’ailleurs révélé que Georges DAUDET dont le souci constant et manifeste était de ne pas indisposer les autorités occupantes lui avait à plusieurs reprises demandé de faire des concessions au national-socialisme et de se plier aux consignes données par la censure allemande.

 

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Georges DAUDET a, au surplus, si bien compris que sa collaboration avec l’ennemi l’exposait à de justes représailles qu’il a furtivement quitté son habituel domicile le 17-9-1944.

Et il a été depuis lors activement recherché.

 

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Il est vrai qu’en cours d’information c’est-à-dire dans le courant 1945 le magistrat instructeur a reçu une lettre apparemment signée par Georges DAUDET l’avisant que ledit Georges DAUDET se présenterait sous peu à son cabinet.

Or l’on ne peut que constater que Georges DAUDET, à le supposer bien entendu, l’auteur de la lettre en question n’a point tenu parole.

Un soi-disant ami de Georges DAUDET a en outre, fait parvenir une note signée « Georges DAUDET » note qui affirme que ce dernier a en somme fait du très bon travail tant à la « France au travail » qu’à la « France socialiste puisqu’aussi bien il avait réussi à « liquider » les équipes pro nazies de ces 2 journaux et à les remplacer par d’autres confrères journalistes dont certains le révèrent encore à l’heure actuelle.

Il convient enfin d’indiquer pour mémoire que Georges DAUDET a évidemment collaboré de 1942 à la Libération, en qualité de gérant, à l’administration d’un troisième journal « L’Effort socialiste » qui paraissait à Lyon ;

 

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Casier et renseignements :

 

Le casier de l’inculpé ne mentionne aucune condamnation.

Cependant un rapport de police révèle que Georges DAUDET aurait été condamné le 11-3-1943 par la Cour de Paris à 500 francs d’amende pour tentative d’escroquerie.

 

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Attendu qu’il résulte de l’exposé ci-dessus charges suffisantes contre le nommé DAUDET Georges Adrien Valentin d’avoir à Paris ou sur le territoire national de la France, dans le courant des années 1940, 1941, 1942, 1943, et 1944 en tout cas entre le 16 juin 1940 et la date de la Libération avec l’intention de favoriser les entreprises de l’ennemi étant Français, entretenu des Intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France.

Crime prévu par les articles 75-5 et suivants du Code Pénal (modifié par le décret-loi du 29 juillet 1939) et par les articles 1 et 2 de l’Ordonnance du 28 novembre 1944.

Renvoyons le susnommé devant ladite Cour de Justice pour y être jugé conformément à la Loi.

 

LE COMMISSAIRE DU GOUVERNEMENT ADJOINT

 

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