Condamnation par la Cour de justice de la Seine – Pièce 26, Note manuscrite du Chef de Bataillon André Lalande

AN Z/6/417, extrait 4221, pièce 26, Note manuscrite du Chef de Bataillon André Lalande

Rapport au sujet de Monsieur Georges DAUDET

Un légionnaire que je connais bien est venu me trouver le jour de sa démobilisation pour m’expliquer sa situation et me demander conseil.

Son nom réel est Georges Daudet, sa déclaration sur les faits que la Justice pourrait avoir à lui reprocher est jointe.

Je puis certifier qu’il s’est engagé en Février 1945 à la Légion Etrangère, a tenu sa place dans son Bataillon en secteur sur le Rhin au début de Mars et dans les attaques dans les Alpes Maritimes (Campagne de …illisible…, de …..illisible…. et de ..illisible). Je puis dire aussi qu’il a fait mon admiration par son travail, son dévouement de toutes les minutes, son désir de servir.

Engagé volontaire à 43 ans – pris à la visite médicale sur sa demande, car sa santé est très médiocre (rhumatisme – goutte) je l’ai toujours trouvé à son poste, au travail, alors qu’il n’avait qu’un mot à dire pour se faire hospitaliser. En un mot j’ai pour lui de l’estime et j’éprouve même à son égard une réelle admiration pour ce qu’il a fait sous mes ordres.

Son passé est ce qu’il est – pas bien loin noir sans doute et ses déclarations peuvent facilement être vérifiées. Voilà un garçon qui s’est trompé en 1940 ; il n’a cessé pourtant de vivre suivant sa conscience et n’a pas hésité à s’engager pour aller se battre, à l’heure où tant de jeunes français ne songeaient qu’à la politique la plus mesquine ou aux profits faciles du marché noir.

Quelques précisions sur son histoire. A la libération de Paris voulait se présenter à la Préfecture, en a été dissuadé par ses amis de la Résistance, car c’était l’heure de la justice sommaire. Ne s’est pas engagé immédiatement car sa femme était enceinte et disposait de peu de ressources, puis parce qu’il est tombé sérieusement malade.

Actuellement, il ne connait pas sa situation car des policiers sont bien venus à son domicile mais n’ont jamais notifié de mandat d’arrêt contre lui. Sa femme n’a pas été inquiétée.

J’ai donc l’honneur de demander :

1) s’il est recherché par la Justice et dans l’affirmative sous quelle inculpation

2) comment il doit faire pour être lavé, blanchi et reprendre sa vie au grand jour. Il veut bien aller en prison et être jugé si la justice l’exige mais est très ennuyé pour sa femme et ses deux enfants qui seraient dans la misère.

Enfin, s’il a pêché, je voudrais que l’on tienne compte de sa bonne volonté. Tant de Français ont été trompés en 1940 que leur procès serait celui de la France. Je ne prétends pas tout connaître de lui et je ne veux pas le soustraire à la loi, mais pourtant je le connais mieux que les juges qui rapidement traiteront son cas après celui d’un autre, avant le suivant et mon témoignage a sa valeur. Enfin, il a cherché à se racheter moins de ses fautes que de ses erreurs et il a tout pour faire un bon mari et un bon père doublé d’un très bon français.

Lalande

Chef de Bataillon 13ème Demi Brigade de Légion étrangère

La réponse à cette note pourrait être envoyée à Monsieur le Capitaine Aumonier Malec Centre d’Accueil Amilakvari 112 Avenue de Gravelle (ENT 2076), St. Maurice, Seine, en rappelant mon nom.

Je serai dans la région parisienne jusqu’au 20 ou 25 août et après le 20 septembre. Je pourrais donc apporter tous renseignements complémentaires si nécessaire.

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