Audition Eugen Feihl, septembre 1946

AN F7/15327

p. 83-84

La France au Travail-

« La France au Travail » a été fondé par l’Ambassade peu de temps après notre arrivée. La première rédaction a été dirigée par OLTRAMARE et, après son départ, par Georges DAUDET qui n’était pas journaliste et a rempli les fonctions de directeur administratif.

Ce quotidien était bien entendu géré, administré et subventionné par nous. Le personnel était payé avec les bénéfices ou sur les subventions lorsque l’exploitation était déficitaire ce qui arrivait assez souvent. Ce personnel a d’ailleurs changé fréquemment et était surtout composé d’individus douteux, à moralité très élastique.

Au début les articles étaient dictés par l’Ambassade mais peu à peu les rédacteurs ont pris quelques initiatives personnelles. En général le ton était socialisant et ce quotidien a d’ailleurs adopté le titre « La France Socialiste » pour capter la confiance des milieux syndicaux. C’est surtout M. ACHENBACH qui a donné les directives politiques.

Le succès de cette feuille a eu des hauts et des bas et ses artisans ont surtout poursuivi un but lucratif.

Plus tard, ordre a été donné à HIBBELEN par ACHENBACH ou SCHWENDEMANN d’inclure ce journal dans son trust et d’en assurer l’assainissement. Il s’agissait là d’une affaire pas très propre et j’ai évité autant que possible de m’en mêler.

p. 102

(…) Par la suite, HIBBELEN a su gagner la confiance de M. SCHWENDEMANN ainsi que celle du Ministre SCHLEIER. Sauf erreur, il fut désigné pour mettre de l’ordre dans l’administration du journal « La France au Travail » dont la gestion financière était tout à fait irrégulière. Il avait surtout l’ambition de faire de ce journal un organe susceptible de rapporter de gros bénéfices en renonçant au besoin à une propagande trop accentuée dans le sens de la collaboration afin de gagner la confiance des lecteurs. Cette affaire était menée en contradiction avec la politique de M. ACHENBACH qui avait fait nommer comme directeur un certain Monsieur DAUDET. Sauf erreur, « La France au Travail » avait, à cette époque-là, déjà changé de nom en « La France Socialiste ». DAUDET dont on prétendait qu’il avait un passé obscur, avec un casier judiciaire assez chargé, était protégé par ACHENBACH je ne sais pourquoi. Moi-même je considérais DAUDET comme un affairiste effréné et peu social envers ses employés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *